L’expédition

La route sacrée, c’est le chemin que nous avons parcouru à l’été 2014 en voiture, à pied, en roulotte et en canot, pour nous rendre dans les collines de quartzite jouxtant la rivière Témiscamie, au lieu dit l’Antre de marbre, à l’est du grand lac Mistassini.

Cette expédition constitue une expérience de « réactualisation » d’un fait historique : en 1730, le père Laure, un missionnaire jésuite, atteignit cet endroit désigné comme chamanique par les Amérindiens, et y aurait dit la messe avec ses guides. Voilà un événement qui évoque pour nous un puissant choc de cultures — pas nécessairement disharmonieux —, duquel nous voulons écouter les résonances, presque trois siècles plus tard. La route sacrée ne s’arrête donc pas avec la fin de l’expédition en tant que telle: elle se poursuit au fil des rencontres, des découvertes, des prises de conscience, d’autres expéditions, etc.

C’est en lisant les travaux du géographe Louis-Edmond Hamelin que nous avons appris l’existence de Pierre-Michel Laure. Ce jésuite œuvra surtout auprès des Montagnais (les Innus étant ainsi nommés à cette époque) et relate plusieurs faits de sa vie dans Mission du Saguenay, ouvrage colligé par Arthur E. Jones. Ce que l’on y découvre, c’est comment les missionnaires de la trempe du père Laure ont aimé passionnément leurs ouailles, trouvant auprès d’elles une manière de penser et d’être qui a contribué, assurément, au plus grand sens de leur vie. Notre intention ici n’est pas d’entériner aveuglément toute l’œuvre de l’Église catholique, mais plutôt de nous pencher sur la portée de ces actes missionnaires. Dire la messe dans un lieu sacré pour les Amérindiens nous semble emblématique. Comme Louis-Edmond Hamelin, nous nous interrogeons : « Culturellement, l’acte du père Laure est-il une reconnaissance objective de l’intérêt de l’endroit, une agression culturelle ou une démonstration du rituel de la vraie religion? ». Voilà une des questions qui sous-tend notre périple et, pour nous, elle reste ouverte à l’élaboration de toutes sortes d’hypothèses.

En fait, toute cette entreprise nous permet d’approfondir trois enjeux fondamentaux, à notre sens, pour le Québec d’aujourd’hui : la quête religieuse et identitaire, les liens avec l’autochtonie et l’exploration du territoire sur le mode aventurier et géopoétique. Nous vous invitons à consulter la page intitulée Le blogue pour avoir plus de détails.

Concrètement, voici les différentes étapes de l’expédition :

– de Québec à Pessamit, en passant par Sainte-Anne-de-Beaupré (Inauguration et Premier jour) ;

– de Pessamit aux Grandes Bergeronnes (Deuxième jour) ;

– des Grandes Bergeronnes à Chicoutimi, en passant par Tadoussac (Troisième jour et Quatrième jour) ;

– de Chicoutimi à Chibougamau, en passant par Péribonka, Saint-Félicien et les chutes de la Chaudière (Cinquième jour) ;

– de Chibougamau à la Colline blanche (Sixième jour) ;

– de la Colline blanche à Chibougamau (Septième jour) ;

– de Chibougamau à Mistissini (Huitième jour et Neuvième jour) ;

– de Mistissini à Mashteuiatsh, en passant par Chibougamau (Dixième jour) ;

– de Mashteuiatsh à Sainte-Brigitte-de-Laval, en passant par Lac-Bouchette (Onzième jour).

Notons finalement que ce projet s’inscrit dans la foulée du documentaire Le prêtre et l’aventurier, réalisé par Isabelle Duval et mettant en vedette Pierre-Olivier Tremblay et Jean Désy.

*Le site de la Colline blanche est inscrit au Registre du patrimoine culturel du Québec.