Quatrième jour

Texte 1 : L’âme de la terre (Louis-Edmond Hamelin)

Texte 2 : Mission du Saguenay (père Michel Laure)

Contexte : Chek8timy (Chicoutimi)

Le quatrième jour, les pèlerins se reposèrent et firent des achats en vue de l’aventure à venir : des bottes, une casquette, du jus, du riz, du porto, etc. Au cours d’une expédition, il y a des jours plus « sédentaires », des jours choisis pour écrire, lire, réfléchir et se reposer, pour se baigner aussi, parce qu’il fait quasiment 30 degrés au Saguenay et que Pierrot met en pratique sa maxime « Si laveris te, lotus ». À La Baie, anciennement « Port-Alfred », l’eau a un petit goût salé — il vaut la peine de le souligner —, tout comme à Cap-Jaseux. L’effet de la marée, même si l’embouchure se trouve quasiment à cent kilomètres, se fait sentir jusqu’ici. Un cargo mouille dans la baie ; l’activité industrielle a subsisté. Mais ces années-ci, c’est surtout le tourisme qui alimente la région ; le long d’un très long quai de ciment viennent accoster de grands bateaux de croisière.

Nous sommes véritablement dans un pays de fjord. Le père Laure écrit dans son journal : « Les montagnes entre lesquelles coule le Saguené sont si hautes et escarpées que les monstrueux arbres qui sont sur leurs sommets ne paroissent gueres d’en bas plus gros que la jambe, et vers les 7 heures du soir en été, pour peu qu’on longe la terre du sud, ou qu’on ne soit tout-à-fait au large, on a peine à lire en canot. »

Nous profitons de cette journée pour refaire le monde : Pierrot nous brosse un large portrait des communautés religieuses, de leurs différents charismes, des enjeux qui les mobilisent ; Jean évoque plusieurs anecdotes nordiques : pêche miraculeuse à l’île Mansel, voyages épiques en skidou, discussions avec son ami inuit Qalingo. Pour ma part, je rêve d’ensauvagement et de nordicité, d’une vie pleine, à la (dé)mesure de ce pays grandiose. Le soir, nous soupons sur la rue Racine, l’équivalent de la rue Saint-Jean à Québec ou de la rue Saint-Denis à Montréal. Il y a un air de fête qui règne au cœur de Chicoutimi. L’été s’arrêtera-t-il tout net dans trois jours? Qui sait? Profitons-en pendant qu’il est là! Flâner autour de la cathédrale nous mène une fois de plus au père Laure. Certes, nous savions qu’il avait vécu à Chicoutimi, y « hyvernant » plusieurs années, et que le chemin vers la Témiscamie passait forcément dans les parages. Mais voilà que nos vagabondages nous font aboutir de l’autre côté de la rivière Chek8timy, devant ce monument à demi effacé de Coteau-du-Portage, à l’angle de deux rues (Price et Dréan), érigé en 1937. Un autre clin d’œil pour nous indiquer que nous sommes sur la bonne route. Ce père Laure ne cesse de laisser des traces!

En lisant Louis-Edmond Hamelin qui écrit que la « nordicité implique de penser et de construire le Nord autrement que les non-Autochtones l’ont fait », je ne peux m’empêcher de penser que certains non-Autochtones ont tout de même fait une belle job, parmi lesquels ces gens qui passèrent au Coteau-du-Portage. De notre côté, nous partons demain pour Chibougamau.

Portage

Plus d’informations sur le site patrimonial du poste de traite de Chicoutimi.

2 réflexions sur “Quatrième jour

  1. Les lectrices et lecteurs demeurent notre principale source énergétique. Quel plaisir que de recevoir des commentaires! Merci.

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