Chant pour un passage

Il y a quelques années, mon ami Gérald Dion, un collègue médecin qui a œuvré toute sa vie auprès des populations cries du Nouchimii Eeyou (l’inland cri) comme du Winnebeoug Eeyou (le pays cri bordant la baie de James), fin connaisseur de l’arrière-pays autour du lac Mistassini, a bien voulu me guider jusqu’à l’Antre de marbre. En canot, nous avons remonté la Témiscamie sur une vingtaine de kilomètres, jusqu’à la Colline Blanche. Gérald Dion connaissait déjà l’endroit pour l’avoir visité à quelques reprises. L’année précédant notre excursion, il y avait même campé, avec des amis, devant la grotte principale.

C’est en canotant, en marchant dans la montagne jusqu’au sommet, en récitant de la poésie et en jouant de la flûte, que nous avons pu goûter l’atmosphère hautement sacrée dégagée par ce lieu. Gérald arrivait tout juste d’un périple en Arizona où il avait eu le plaisir de faire la connaissance du poète québécois Pierre Nepveu. Tous les deux, et depuis longtemps, ils s’intéressaient à l’univers des Indiens d’Amérique, à leur spiritualité plus particulièrement. Pour notre excursion à l’Antre de marbre, Gérald avait eu l’idée d’apporter un poème de Pierre qu’il avait pris la peine d’encadrer, intitulé « Chant pour un passage ». Après avoir gravi la montagne et exploré ses grottes, de retour dans mon canot, j’ai demandé à Gérald s’il acceptait de me lire ce poème. J’avais envie de le filmer. Tout de suite, Gérald a acquiescé. Lentement, le canot dérivait sur les eaux tranquilles d’une petite baie de la Témiscamie. C’était le soir ; les épinettes noires et blanches, tout autour, semblaient nous écouter, nous regarder. Sans conteste, je peux dire que ce fut le moment de grâce de cette journée.

Le poème est disponible en ligne dans sa version intégrale.