Pour commencer la fin de semaine en beauté, voici la première des Chroniques sur la vie dans le bois. Ici, Jean Désy nous donne une petite leçon de pêche (avec tout l’enthousiasme qu’on lui connaît). Car, sur la route sacrée, il y a aussi des lacs, beaucoup de lacs… Et qui dit lac dit pêche. À ce sujet, le pêcheur d’expérience s’exprime : « Pêcher, c’est entrer en contact intime avec la vie, les eaux, le ciel, la joie, les algues et les brochets, comme c’est entrer en contact avec la mort, par d’obligatoires coups sur le crâne. Car pêcher, c’est accepter l’épreuve de la mort pour la survie, avec un peu de tristesse finalement, une bête ayant donné sa vie pour que nous puissions poursuivre la nôtre… ». (Pour moi, cette séance de pêche fut aussi l’occasion d’essayer un premier film avec mon nouveau iPhone.)
Valdera est tellement fatiguée qu’elle n’a pas d’idées pour le commentaire de la journée. Elle se sent comme un brochet qui ne bouge plus. Fini le bleu, elle passe au jaune. Merci pour la leçon. Question, cher professeur. Pourquoi le brochet ne bouge pas quand on le sort de l’eau, mais se débat dans le fond du canot?
Moi, je pense qu’il était poli: vu que je filmais, il ne voulait pas trop m’arroser en éclaboussant partout.
Après avoir mordu à l’appât, après qu’il se soit battu, relativement, le brochet (et plus il est gros, plus c’est vrai) a tendance à se laisser tirer jusqu’au pêcheur sans se débattre, comme s’il se demandait, par nature, ce qui lui arrivait. Mais une fois hissé dans le canot, alors là, sentant sa fin toute proche, le brochet donne les plus grands coups pour se libérer. Il se débat, il mord, il rage. Si on ne l’assomme pas, c’est pendant de longues minutes, parfois des heures, qu’il continue de gigoter, jusqu’à ce qu’il meure d’épuisement, en anoxie.
Peut-être qu’il fait le mort… C’est malin, un brochet!