J’admire le minois de ces trois fillettes, la santé qu’elles dégagent. Toutes trois vivent à Waswanipi, une communauté crie située entre Chibougamau et Lebel-sur-Quévillon, où je viens pratiquer comme médecin dépanneur depuis plus de 20 ans.
Cette photo aurait pu être prise à Jonquière, à Pessamit, au Havre-Saint-Pierre, à Gaspé, à Québec, à Trois-Rivières, à Weymontachie, à Montréal… J’ai le sentiment de voir mes filles quand elles avaient le même âge.
Merveilles d’enfants qui jouent dans l’été sans trop de soucis. C’est sûrement parce que je me sens bien quand je marche dans les rues de Waswanipi, que je me sens le bienvenu, que j’ai pu prendre cette photo.
Il exista un intense métissage, et pendant des centaines d’années, entre les descendants d’Européens et les gens des Premières Nations sur l’actuel territoire de la péninsule Québec-Labrador. À mon sens, l’avenir du pays tout entier demeure autochtonien dans sa forme, dans ses représentations, dans sa psyché collective, dans sa vision du monde (sa Weltanschauung), comme dans son rapport matériel au monde. La métisserie, c’est-à-dire le métissage culturel des univers autochtone et non-autochtone, fait partie de notre avenir le plus harmonieux, avec la terre, nos rivières et le ciel.