Prière aux quatre directions

Le départ est imminent, prévu pour mercredi. Nous avons couru le monde ces dernières semaines : Pierrot aux quatre coins de la France ; Jean à Bar Harbor, au lac MacDonald et jusqu’au Havre Saint-Pierre ; moi-même au lac MacDonald également, puis en Estrie. La route nous habite déjà — et nous avons hâte de nous abandonner complètement à elle. Au moment de faire les derniers préparatifs et d’inventer un rituel pour inaugurer l’expédition, je pense au désir des Indiens de se référer aux quatre directions lors de certaines cérémonies. J’y vois une façon de m’imaginer dans le grand Tout, avec tous mes âges. S’inscrire dans un ordre qui nous dépasse ne permet-il pas de lâcher prise?

Que le meilleur advienne sur cette route sacrée!

4directions

Au sud je suis une enfant qui court
dans son haleine et ses énigmes
Mes poupées ont des griffes invisibles
La vérité se fait neuve
Je m’échappe
Je suis une souris
Je vais voir ailleurs

Le ciel avale tout sur son passage

Ô Grand Sud
célèbre la croissance de nos artères

À l’ouest je suis nubile
Nymphe sous la pluie
J’attends ma vision à moi
L’âme qui s’arrondit comme un ours
La suite des méridiens
Là-bas les rivières coulent dans les deux sens

Je veille sur la trajectoire de mon rêve

Ô Grand Ouest
sois notre fétiche, notre fumée noire

Au nord j’enfante
Je me baigne avec les bisons et les nébuleuses
Je sais où loge la clarté
Comment vivre avec le feu
La peur n’a plus cours près des racines

J’abandonne mon souhait d’une vie meilleure

Ô Grand Nord
donne-nous l’endurance de tes plus forts sabots

À l’est je décide de mon pas
Comme un chasseur éphémère
Mes yeux sont des aigles qui parlent
Le territoire me regarde
Et moi je guette le jour naissant

La prochaine illumination est mon embarquement

Ô Grand Est
accueille nos fléchissements, notre silence

Au centre qui suis-je
Vide et polarisée
Partirais-je enfin allège
Pour m’élever plus près des cieux

Ô Grand Esprit
guide-nous dans les turbulences de nos âges

Le père Laure en Témiscamie

J’imagine…

J’imagine le père Laure dans un canot, en compagnie de ses guides innus, sur la rivière Témiscamie. Début du XVIIIe siècle. Je l’imagine après plusieurs semaines, sinon après des mois de canotage, de voyageage, de portageage, après des jours de tempêtes, d’innombrables attaques de mouches noires. Le père n’oublie pas qu’il est missionnaire. Mais comme il est quasiment arrivé au centre du pays, j’imagine qu’il ne sent surtout pas imbu de quelque pouvoir extraordinaire que ce soit. Il n’oublie pas que son devoir de prêtre est d’évangéliser, certes. Mais en ce moment magnifique de sa vie, oh! comme j’imagine qu’il se sent prêt à être conquis par les appels du Tchiché Manitou, le Grand Esprit des Indiens avec lesquels il a appris à vivre. Bien sûr qu’en tant que jésuite, il est porteur de plusieurs traits d’une civilisation dite des « Lumières ». Il connaît de nombreuses techniques. Il est issu d’un monde qui a inventé l’imprimerie et le télescope — et qui considère par ailleurs toutes sortes de colonialismes, pour le meilleur comme pour le pire.

J'imagine

J’imagine…

Il s’agit de lire la Relation inédite/1720-1730 du père Laure pour réaliser à quel point c’est sa foi qui l’a mené jusqu’à Tadoussac, puis sur les rives du Saguenay, pour continuer vers le nord, toujours plus au Nord. En cette journée où il canote sur la Témiscamie avec des hommes qui lui ont tout enseigné à propos de la vie en forêt — les Indiens ayant pêché et chassé en remontant des courants puissants —, sur un territoire totalement vierge (et qui l’est resté, encore, en grande partie, trois cents ans plus tard), eh bien, je l’imagine, ce père Laure, séduit par la magie des lieux, par la pureté des eaux, par les impénétrables étendues de résineux qui l’entourent. Pour avoir moi-même canoté sur les eaux des rivières boréales, je peux si facilement m’imaginer que le père Laure fut enthousiasmé par la force et le courage patient de ses guides. Grâce à eux, grâce à leur talent et grâce à leur connaissance intime des forces de la Nature, il est parvenu devant la Colline blanche. Bientôt, il va nommer une grotte « l’Antre de marbre ». En même temps, au creux de son canot d’écorce, j’imagine que cet homme venu de France se sent petit, tout petit, face à un paysage aussi grandiose et aussi sauvage, certes, mais aussi face à ses guides qui possèdent tant de moyens que lui ne possède pas, eux qui sont d’une civilisation tellement différente de la sienne. Bien sûr que des villes comme Québec ont été bâties grâce aux compétences des architectes et des ouvriers français. Bien sûr que l’Europe a créé les mousquets et des manières de tuer bien plus efficaces que celles des Indiens. Bien sûr que les Innus ont été ébahis par l’apparition de grands voiliers capables de franchir les mers. Mais eux, avec leurs si efficaces canots d’écorce, ils se sont donné les moyens de traverser un continent tout entier, du sud au nord, de Tadoussac jusqu’au lac Mistassini, en passant par le lac Albanel, pour aboutir au cœur de la Témiscamie. Combien de leurs frères et de leurs sœurs de pagayage ont atteint les baies de James et d’Ungava en partant du Saint-Laurent! Les Innus de Pessamit, de Uashuat, d’Ekuanitshit et d’Unamen Shipu, et depuis des générations, font de véritables pèlerinages jusqu’au Mushuau Nipi, aux sources de la rivière George. Ah, tout cela, le père Laure le sait bien. C’est pourquoi j’imagine qu’il fait beaucoup plus que respecter ses guides : il les admire! Et même si son devoir comme sa raison d’être en terre de Kanada est d’apporter la parole du Christ, il se sent comme un pou. Alors qu’il se trouve au pied de la Colline blanche, ce n’est pas une messe de missionnaire qu’il va bientôt dire à l’Antre de marbre, non! C’est plutôt une manière de fêter une folle mais remarquable équipée, comme un grand remerciement aux puissances chtoniennes, maritimes et célestes réunies. C’est probablement pour cette raison que les Innus acceptent de se recueillir et de prier avec le père Laure.

Vision du sacré

Un jour, à la pointe d’Argentenay de l’Île d’Orléans, alors que nous étions assis sur une pierre de l’estran pour le tournage du documentaire Le prêtre et l’aventurier, Pierre-Olivier, mon ami prêtre, m’a mis la main sur l’épaule en disant : « Le sacré, il est en toi, mon Jean ! ». Je venais tout juste de m’exclamer à propos de la beauté, mais surtout du sacré des lieux où nous avions la chance de nous trouver. Un voilier d’oies blanches passait à une centaine de mètres au-dessus de nos têtes, en cacardant avec cette fougue qui donne tout son charme au fleuve Saint-Laurent, au printemps comme à l’automne.

Tournage à la pointe d'Argentenay

Tournage à la pointe d’Argentenay

J’ai toujours considéré la pointe d’Argentenay comme un lieu de puissante inspiration, qu’on y accède par la rive ou en kayakant sur la mer, qui commence à cet endroit précis, le fleuve s’élargissant considérablement, les eaux y devenant salées. Tout le paysage paraît là comme dominé par le cap Tourmente, le ciel se mariant au fleuve-mer avec une étrange perfection. Le fait que Jacques Poulin ait en quelque sorte « sacralisé » plusieurs des îles qu’on aperçoit au sud de la pointe, grâce au roman Les grandes marées, de même que l’histoire du cap Tourmente lui-même, admiré par Jacques Cartier dès 1535, tout cela avait contribué à mon enthousiasme au moment où je m’exclamais à propos du sacré des lieux. Mais Pierre-Olivier tenait à me rappeler que l’essentiel, en ce qui concerne le sacré, n’est pas « extérieur » à nous. Il ne nous est pas imposé de l’extérieur, par un artiste, par un philosophe, par la nature, par la société ou par un quelconque diktat, mais il s’inscrit plutôt au plus intime de notre psyché, collé aux grands axes qui nous forgent et nous dirigent, et surtout, peut-être, nous donnent envie de vivre.

Les différents lieux physiques ou géologiques du monde ne sont donc en soi ni « sacrés » ni « profanes ». On peut toujours considérer que tout est sacré dans le monde, que la nature est sacrée, qu’il faut vivre de manière « sacrée », ou de la façon la plus « sacralisée » possible. Mais de toute évidence, la nature « est », et en toute simplicité (bien que fort complexe), comme le propose Fernando Pessoa dans un poème tiré de son recueil Le Gardeur de troupeaux :

« les pierres ne sont pas des poètes, elles sont des pierres ; et les plantes ne sont que des plantes, et non des penseurs. Je puis aussi bien dire qu’en cela je leur suis supérieur que dire que je leur suis inférieur. Mais je ne dis pas cela : de la pierre, je dis : “c’est une pierre”; de la plante, je dis : “c’est une plante”; de moi, je dis : “je suis moi”, et je n’en dis pas davantage… »

Les structures de pierre les plus esthétiques, comme la Delicate Arch du parc des Arches, près de Moab, en Utah, ou les impressionnantes cataractes situées à l’embouchure de la rivière Rupert, à la Baie James, sont ce qu’elles sont : différentes, certes, d’un simple caillou isolé dans la toundra ou d’un petit ruisseau, mais pas plus sacrées que chacune des pierres recouvertes de lichen. Ce sont les humains qui ont le pouvoir particulier de sacraliser les lieux comme les manières de faire, de les « consacrer » grâce à des visites ou des pèlerinages, grâce à des chants, des peintures, des photos, des films, des prières. Il n’en demeure pas moins que le sacré semble habiter certains lieux plus « magiques » que d’autres, comme la pointe d’Argentenay, ou certaines grottes, comme celles de la Colline blanche aux abords de la rivière Témiscamie, au nord-est de Mistissini, dans le Eeyou Istchee, où nous nous rendrons en août.

Pour des raisons chamaniques, et parce que la Colline blanche constitue un site unique à des milliers de kilomètres à la ronde, les Indiens avaient choisi depuis des lustres d’y célébrer certaines cérémonies auxquelles n’étaient conviés que des initiés. Il n’est pas anodin que les guides du père Laure aient accepté de participer à une messe catholique, en 1730, comme s’ils avaient compris que le jésuite voulait « resacraliser » à sa manière ce qui, déjà, était sacré. Du « sacré » au « sacré », quelles que soient les opinions à propos des faits religieux ou de la foi, on peut affirmer que l’Antre de marbre de la Témiscamie a toujours conservé son aura, accentuée par la virginité de la forêt boréale des alentours.

Mais imaginons qu’on projette d’y faire passer une route, juste à proximité, une grande compagnie souhaitant exploiter une mine d’uranium ou de diamants dans les environs… Imaginons qu’on perturberait le silence des lieux en permettant le passage de milliers de camions géants, et plusieurs fois par semaine. Allons même jusqu’à imaginer certains individus qui, pour « blaguer », souilleraient les lieux même où les Indiens, depuis des millénaires, se sont recueillis, là où le père Laure a dit la messe. Comme toute profanation reste facile…

Je réfléchissais à ce propos en travaillant dans la forêt, autour de chez moi. J’étais occupé à ramasser des dizaines de bouleaux morts, de bonne grosseur, qu’un bûcheron avait abattus parce qu’ils représentaient trop de danger pour les promeneurs. Travail exigeant ! Je tronçonnais les arbres en rondins de quatre pieds pour les transporter, à l’aide d’un VTT, non loin de ma maison. J’allais les couper en bûches que je fendrais. De quoi empiler cinq ou six cordes qui devraient sécher pendant plusieurs saisons avant de pouvoir être utilisées comme bois de chauffage. Quel labeur ! Quelle « perte de temps » apparent, sachant que l’achat de la même quantité de bois, déjà fendu et même préalablement séché, m’aurait coûté deux fois moins cher, sans compter les dizaines et dizaines d’heures « dépensées ». Mais je me rendais compte qu’en agissant ainsi, à force de sueur, je « sacralisais » à ma façon les arbres morts qui, autrement, étaient voués à la pourriture (ce qui n’est tout de même pas anodin), en leur disant merci d’avoir existé, d’avoir abrité des oiseaux ou des rongeurs, merci d’exister encore parce qu’ils allaient me permettre de chauffer ma maison.

Le sacré est affaire humaine. Chaque être humain a le pouvoir de profaner comme de sacraliser le monde qui l’entoure, de même que son propre monde intérieur. La notion de « sacré » dépend d’une vision du monde, d’une Weltanschauung bien particulière, celle d’être ou de ne pas être.

 

Version légèrement modifiée d’un texte paru dans la revue Québec Français, numéro 172, sur la littérature québécoise et le sacré.

Pour plus d’informations sur le film Le prêtre et l’aventurier, cliquez ici.

Tournage02

La vie de la Colline blanche

Ceux qui nous suivent par l’intermédiaire de notre page Facebook auront réalisé que nous sommes allés, Jean et moi, à la Colline blanche la semaine dernière, avec comme objectif de faire du repérage en vue de l’expédition du mois d’août. On ne mettra pas tout de suite d’images de l’Antre de marbre — gardons un peu de suspense —, mais voici en revanche quelques photos des alentours. Un monde fabuleux. Vous remarquerez que ce n’est pas que le quartzite qui donne sa couleur blanche à la colline, mais aussi le lichen, en particulier la cladonia rangiferina, aussi appelée mousse à caribou. Mais on ne peut pas dire que ce soit le blanc qui domine : toutes ces couleurs ne sont-elles pas étonnantes?

Sous-bois

Sous-bois: mousse, lichen et thé du Labrador

Sentier (inscriptions sur la pierre)

Inscriptions sur les pierres du sentier

Grande barbe de lichen

Grande barbe de lichen

Arabesques à la nuit étoilée de Van Gogh

Arabesques à la nuit étoilée de Van Gogh

Reflet dans la pierre

Reflet dans la pierre

Les couleuvres en état de grâce

Des couleuvres en état de grâce

Rencontre avec Louis-Edmond Hamelin

Comme nous l’expliquons dans les textes consacrés à l’expédition et au territoire, c’est Louis-Edmond Hamelin, géographe, linguiste et coureur de froid émérite, qui nous mit sur la piste de l’Antre de marbre. Nous le considérons ainsi comme l’un de nos guides. En mai 2013, nous allions le rencontrer chez lui, à Sillery, pour qu’il nous parle un peu plus de la Colline blanche. Voici un résumé et un extrait vidéo de cet entretien.

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Le chef Ghislain Picard et Louis-Edmond Hamelin au Mushuau-nipi en 2009

Louis-Edmond Hamelin rappelle que pendant des milliers d’années, les environs du lac Mistassini ont attiré différents groupes amérindiens, d’abord parce que les nomades — les jeunes hommes surtout — cherchaient à entrer en contact avec les femmes des autres groupes, mais aussi parce que la matière minérale trouvée à fleur de terre, la quartzite dont est faite la Colline blanche, permettait de créer les pointes de flèches, essentielles pour la chasse et la survie en forêt. Certaines de ces pointes furent même retrouvées jusque chez les Inuits, beaucoup plus au nord. Les Innus de la Côte-Nord, via le Saguenay, la rivière Ashuapmushuan et le lac Chibougamau, connaissaient donc fort bien les environs des lacs Albanel et Mistassini, de même que l’Antre de marbre (la grotte principale parmi la trentaine de cavités creusées au flanc de la montagne). Il est indubitable que ce lieu avait valeur sacrée pour eux, et cela depuis des milliers d’années. Certains initiés (des chamans) y recevaient la voix du Tchiché Manitou, en général dans la plus grande intimité. Comme le souligne Louis-Edmond Hamelin, « on ne sait pas quand est-ce qu’il vient, on ne le voit pas… mais il faut l’attendre longtemps… pour l’entendre peut-être ».

Lors de ses premiers voyages dans le Nord, entre 1948 et 1954, il est arrivé quelques fois à Louis-Edmond de passer en avion au-dessus de la Colline blanche. Il identifia le lieu du haut des airs, malgré les arbres étalés sur la petite montagne. C’est en 1963 qu’il a pu s’y rendre en canot pour la première fois, accompagné par un agronome, Benoît Dumont. Grâce à l’aide matérielle d’une petite compagnie du Nord, ils sont passés par le lac Albanel avant de remonter la Témiscamie pour atteindre les cavernes de la Colline blanche.

Louis-Edmond avoue que ce qu’il souhaitait lors de cette première visite, c’était de se mettre dans « l’atmosphère » de ce qui avait pu se dérouler au moment du passage du père Laure, un missionnaire jésuite, celui-là même qui nomma l’endroit « Antre de marbre » autour de 1730.

Il faut considérer l’étonnement — sinon l’ébahissement — de ce missionnaire lorsqu’il parvint à l’Antre de marbre, caverne creusée par un cours d’eau puissant lors de la dernière fonte glaciaire. Sans aucun doute, il admira cette structure naturelle au dôme convexe et aux surfaces polies, munie d’une espèce de table, tout au fond, en forme d’autel, comme si la vocation de la caverne était d’être une chapelle. Bien sûr, comme missionnaire jésuite, le père Laure considérait la religion catholique comme la « vraie » religion. Pour lui, dire la messe dans un lieu comme l’Antre de marbre allait de soi.

Il est fort probable que ses guides autochtones l’avaient vu et entendu dire la messe à plusieurs reprises déjà, dans d’autres lieux. Ont-ils été surpris d’être conviés à ce rite religieux catholique à l’Antre de marbre? Une question demeure, toujours selon Louis-Edmond Hamelin : le père Laure a-t-il surtout agi en « colonisateur » en disant cette messe, en ne tenant pas compte du rituel religieux autochtone? Était-ce un peu par « vantardise » qu’il souhaita poser ce geste dans ce lieu si mythique, si sacré pour les Innus? Il faut en tout cas reconnaître la sincérité du missionnaire, sa foi. Louis-Edmond insiste également sur le lien de confiance qui s’était créé entre le jésuite et ses guides autochtones pour que ceux-ci l’amènent à l’Antre de marbre. Quand on lit le journal du père Laure, on découvre en effet l’extraordinaire complicité qu’il eut avec ses guides.

Le père Laure fut un missionnaire, certes, mais aussi un habile cartographe, en plus de travailler à l’élaboration d’un dictionnaire et d’une grammaire innus. Plusieurs de ses cartes furent copiées et utilisées par bien des voyageurs. Le prêtre savait sciemment où il se dirigeait quand il aboutit à la Colline blanche en compagnie de ses guides. Depuis le XVIe siècle, des explorateurs européens, toujours guidés par des Indiens, faisaient le pont entre le Saint-Laurent et la baie de James.

Louis-Edmond raconte qu’au cours des dernières décennies, il est arrivé que de jeunes Cris lui demandent de les guider jusqu’à l’Antre de marbre afin qu’il leur parle de l’histoire et de la géologie du lieu, d’où sa conviction que la Colline blanche garde toute sa valeur sacrée pour les Indiens. Avec la création du parc Albanel-Otish, on peut penser que des visiteurs de plus en plus nombreux voudront y faire halte. Une seule obligation : que le caractère sacré de l’Antre de marbre ne soit jamais perdu, ni altéré, ni profané.

Dans ces extraits vidéos de l’entretien, Louis-Edmond parle de l’atmosphère sacrée qui se dégage de la Colline blanche et de l’importance de se préparer mentalement à une telle visite.

Voir le site web de Louis-Edmond Hamelin.

Le documentaire Le Nord au cœur, réalisé par Serge Giguère en 2012, est consacré à la vie et à l’œuvre de Louis-Edmond Hamelin.

À noter que Louis-Edmond apparaît également dans Le goût de la farine de Pierre Perrault, lors des séquences tournées au Mushuau-nipi (nous avons parlé de ce film dans l’article Pepkutshukatteu).

La photo de Louis-Edmond avec Ghislain Picard a été prise sur ce blogue.

 

Pêcheur du Nord

Pecheur

 

Le pêcheur du Nord
Admire le temps des poissons
Les nuages qui frayent en forêt
Les gouttes de pluie comme des appâts
Il aime s’abreuver du silence
Tout-puissant qui règne sur les eaux
Il espère attraper du brochet
Saisir l’ombre de l’onde
Mais le pêcheur du Nord sait bien
Que le plus important
C’est de flotter jusqu’au firmament
Jusque dans une anse où le doré abonde
C’est une affaire de mangeaille
De survie pour le corps
D’exaltation pour l’esprit